La conduite du changement dans l'industrie 4.0

L’industrie 4.0 a profondément changé la manière dont les usines opèrent. Aujourd'hui, même les principes du lean management sont de plus en plus souvent mis en œuvre de manière digitale. Cependant, la réussite de cette transformation ne repose pas uniquement sur la technologie, mais également sur la motivation, les compétences et la formation des équipes. Et, de ce côté, de nombreux collaborateurs rencontrent des difficultés à s'adapter aux nouvelles méthodes de travail et des résistances à utiliser les outils numériques de manière efficace. 

Sachant que la résistance au changement est l’une des premières causes d’échec dans la mise en place de nouveaux projets, il est primordial d'offrir le meilleur accompagnement possible à ses collaborateurs dans cette démarche. Dans cet article, nous allons identifier les différents freins face à la transformation digitale, les enjeux d’un engagement réussi des employés dans un tel projet et les leviers à mettre en place pour susciter l’adhésion de ses équipes. La conduite du changement, qui est l'ensemble des opérations effectuées au sein d'une organisation pour lui permettre de s'adapter, en est la clé de voûte. 

L’impact de la transformation digitale sur les équipes terrain  

Les nouvelles technologies de l'industrie 4.0 comme l’IoT, l’IA, la robotique ou encore la réalité augmentée transforment les processus de production, offrant de nouvelles opportunités aux entreprises industrielles pour augmenter leur productivité, leur qualité et leur compétitivité. 

Mais la mise en place de ces technologies a également un impact important sur les salariés au sein des ateliers puisque cela implique des changements organisationnels et culturels, avec des conséquences sur les responsabilités, la charge de travail et les interactions avec les managers et les autres membres de l’équipe. 

Et comme dans tout changement, des craintes et des freins peuvent apparaître au sein des équipes, tels que : 

• la peur de perdre son travail, en raison de la mise en place de processus automatisés et d’outils digitaux; 
• l’incapacité à s’adapter à de nouvelles technologies, par manque de compétences ou de connaissances;
• un manque de confiance envers la fiabilité des nouvelles technologies;
• une réticence à changer les méthodes de travail

Il convient donc de rassurer ses collaborateurs, en leur expliquant notamment que la technologie ne les remplacera pas, mais les aidera plutôt à travailler de manière plus efficace et à se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, mais aussi en prenant des mesures pour aider les équipes à se former à se familiariser avec les nouveaux outils et les nouvelles méthodes de travail.

Les enjeux d’un engagement réussi des équipes terrain dans un projet de transformation digitale

L'engagement et le consentement des équipes est indispensable pour réussir la conduite du changement en usine. Puisque cela nécessite des changements majeurs dans les processus de production, dans les systèmes d'information et dans les méthodes de travail, les équipes doivent être impliquées dès le début de la gestion de projet pour qu'elles en comprennent les enjeux et les avantages. 

Mais surtout, les équipes dans les ateliers ont une connaissance approfondie de la production et des processus et sont souvent les premières à détecter les inefficacités et les problèmes. En les impliquant dans le projet, l’entreprise peut donc exploiter cette expertise pour identifier de nouvelles opportunités d’amélioration et d’optimisation des processus. Cela assure à l’usine d’augmenter sa productivité, mais aussi sa qualité, et par extension, la satisfaction de ses clients. 

Qui plus est, l'engagement des employés peut être un facteur déterminant dans l'adoption de nouveaux outils. Ils sont souvent plus réceptifs aux changements technologiques lorsqu'ils se sentent impliqués dans la mise en œuvre et qu'ils comprennent comment ces outils peuvent améliorer leur travail. Lorsque les employés sont convaincus de la valeur ajoutée d'une évolution technologique, ils sont plus susceptibles de l'utiliser de manière optimale.

La stratégie de la conduite du changement dans l'industrie 4.0

Il existe plusieurs démarches connues pour mettre en place une conduite du changement optimale, mais nous allons nous concentrer sur la méthodologie de John P. Kotter, professeur à la Harvard Business School et qui est basée sur une analyse approfondie de plus d’une centaine d’entreprises. La méthode de John P. Kotter s’articule en 8 étapes :

1. Sens de l’urgence 

Cela consiste à établir un sentiment d’urgence parmi les responsables et les employés en démontrant les pertes opérationnelles actuelles et les bénéfices que peut apporter ce nouveau projet à l’entreprise dans le pilotage de la performance. 

2. Coaliser le groupe 

Cela consiste à identifier tous les acteurs qui vont être impactés et les placer au cœur de la démarche en les écoutant et en prenant en compte leurs besoins. Il convient également de désigner des chefs de projets qui serviront de relais auprès des équipes. 

3. Créer une vision 

Afin d’orienter l’initiative, il est important de créer une vision claire de ce que sera l’organisation une fois le changement mis en œuvre. Cette vision doit être inspirante, être portée par les dirigeants et doit guider les actions et les décisions. Elle peut également servir d'argumentation.

4. Sur-communiquer la vision 

Cela consiste à communiquer de manière transparente et pédagogique sur le projet, le plus régulièrement possible et répéter les raisons qui poussent à digitaliser pour accrocher et motiver les employés.

5. Encourager la prise de risque 

Il est important d'écouter les employés sans les juger, de les encourager à prendre des risques et de récompenser les idées non-conventionnelles. 

6. Valoriser les succès à court terme 

En récompensant les réussites à court terme, cela permet de maintenir la motivation des équipes et de continuer à avancer vers les objectifs à long terme.

7. Consolider 

Une fois que les utilisateurs ont pris en main les nouveaux outils, les nouvelles technologies ou les nouveaux processus, il est nécessaire d’en pousser l’usage pour gagner en profondeur d’utilisation. Du coaching peut être mis en place pour réaliser cet objectif.

8. Standardiser 

Concrètement, il s’agit de modifier les normes de l’organisation et les processus pour s’assurer que tout s’aligne sur la nouvelle orientation, en créant des standards et des pratiques pérennes. 

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Pour conclure

La transformation digitale est devenue une finalité pour les industries qui veulent rester compétitives. Mais elle implique également un impact sur l'organisation des équipes et les individus, dont l’adhésion est cruciale pour assurer le succès d’une telle démarche. Il est donc essentiel de les engager pleinement dans le projet en mettant en place un plan de conduite du changement. Non seulement, cela peut être bénéfique pour l’entreprise en termes de productivité et de performance, mais cela permet également de créer un environnement de travail collaboratif et inclusif qui favorise la motivation, l’innovation et la croissance à court terme.

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